Circulaire
DGS/DH/DSS n° 97/142 du 24 février 1997
relative à
l'organisation des soins aux hémophiles et aux patients atteints d'autres
troubles héréditaires de la coagulation
Cette circulaire est la référence
actuelle pour l'organisation des soins en France
RESUME : Sept ans après la parution
d'une circulaire décrivant une organisation spécifique des soins aux hémophiles
et aux malades souffrant de troubles de la coagulation, le présent texte vise à
prendre en compte, et à replacer cette organisation et les centres régionaux de
traitement de l'hémophilie dans l'organisation des soins issue de la loi
hospitalière de 1991 et au sein du nouveau dispositif issu de la loi de 1993
modifiée relative à la sécurité en matière de transfusion sanguine et de
médicament.
TEXTES DE REFERENCE :
- Ordonnance n°96-346 du 24 avril
1996 portant réforme de l'hospitalisation publique et privée
- Loi n° 91-748 du 31 juillet 1991
portant réforme hospitalière
- Loi n° 93-5 du 4.01.1993
relative à la sécurité en matière de transfusion sanguine et de médicament (modifiée
par la loi n° 94-43 du 18.01.1994)
- Décret n° 95-566 du 6 mai 1995
relatif à la pharmacovigilance exercée sur les médicaments dérivés du sang
humain
- Circulaire DH/DSS n° 85.H.1089
du 18 décembre 1985 relative à la mise en œuvre de la dotation globale dans les
établissements hospitaliers
- Circulaire DGS/SQ3 n° 227 du 15
juillet 1993 relative au protocole de suivi thérapeutique des patients
hémophiles
- Circulaire DGS/SQ3 n° 82 du 4
novambre 1994 relative aux modalités de distribution des médicaments dérivés du
sang à compter du 1er janvier 1995
- Circulaire DGS/DH n° 46 du
12.12.1994 relative à la situation des médicaments dérivés du sang à compter du
1er janvier 1995
TEXTES ABROGES :
- Circulaire DGS/DH/DSS du 9 octobre
1989 relative à l'organisation des soins aux hémophiles
- Circulaire DH-EM1/DGS-PH n° 720
du 25 novembre 1996 relative à l'approvisionnement des Etablissements de santé
assurant le service public hospitalier, en spécialités pharmaceutiques antihémophiliques
Le traitement de
l'hémophilie ne constitue pas une spécialité médicale, mais il requiert
néanmoins :
- une prise en
charge thérapeutique spécifique à la pathologie : diagnostic du trouble de la coagulation,
dépistage des anticoagulants circulants, administration des facteurs
antihémophiliques et adaptation des traitements…
- le traitement
précoce des accidents hémorragiques ou préventif lors d'un traumatisme
- des connaissances particulières à l'occasion
d'affections associées à cette pathologie et relevant de spécialités
officiellement reconnues : chirurgie, rééducation fonctionnelle, maladies
infectieuses (VIH,…) médecine d'urgence…
Dans la pratique, un certain nombre
d'établissements se sont par le passé particulièrement impliqués dans le
traitement de l'hémophilie ; il s'agit pour l'essentiel de CHR et de quelques
Etablissements de Transfusion Sanguine (ETS). Certains de leurs praticiens
notamment des hémobiologistes, mais aussi des spécialistes des disciplines
ci-dessus évoquées ont été amenés de ce fait à développer leur compétence dans
le traitement de cette pathologie.
C'est dans ce contexte général, et à
l'occasion de la contamination d'un grand nombre d'hémophiles par le virus de
l'immunodéficience humaine qu'est intervenue la circulaire du 9 octobre 1989
relative à l'organisation des soins aux hémophiles. Cette circulaire a mis en
place une prise en charge coordonnée des malades atteints d'hémophilie ou
d'autres troubles héréditaires de la coagulation (Willebrand…) à partir de
structures spécifiques, les centres régionaux de traitement de l'hémophilie
(CRTH).
Au terme de sept ans de fonctionnement de
ce dispositif, il est apparu nécessaire de dresser un bilan d'application de
cette circulaire et un état du fonctionnement des centres mis en place. Une
enquête a été réalisée à cette occasion, et un groupe de travail constitué pour
tirer les leçons de ce bilan. Ce bilan, s'il montre l'existence d'une certaine
dynamique avec la création de CRTH dans la quasi totalité des régions
françaises, montre également des déséquilibres selon les centres, en terme de
moyens humains et matériels, comme en termes de nombre de patients suivis. Par
ailleurs, il apparaît nécessaire de procéder à la mise en conformité du
dispositif avec les textes législatifs et réglementaires aujourd'hui en
vigueur.
La présente circulaire a pour objet de
préciser l'organisation et les missions des centres spécialisés dans la prise
en charge des malades atteints d'hémophilie ou d'autres troubles héréditaires
de la coagulation, de permettre une réponse efficace aux situations d'urgence
et de définir la répartition géographique optimum des lieux de prise en charge.
I – ORGANISATION DES
SOINS
I.1 Centres régionaux
de traitement de l'hémophilie (CRTH)
L'efficacité de l'organisation spécifique
mise en place pour assurer la prise en charge des patients hémophiles exige
l'amélioration de l'articulation et de la coordination des moyens régionaux
existants.
Vous trouverez en annexe II de cette
circulaire une liste des centres reconnus comme "centres
régionaux de traitement de l'hémophilie" (CRTH). Ces centres
peuvent être des structures intégrées soit dans les établissements
hospitaliers, soit dans les établissements de transfusion sanguine.
I.1.1.
Liste des centres
Pour chacun de ces centres régionaux, la
fonction de coordination est assurée par un médecin désigné à cet effet et
chargé de veiller à la bonne réalisation du suivi thérapeutique des malades et
à la coordination de l'intervention des professionnels de santé. Dans les cas
où plusieurs centres seraient retenus pour une région, les médecins assurant la
fonction de coordination désignés doivent se réunir régulièrement et au moins
une fois par an pour faire le point de la situation et s'assurer de
l'efficacité des prises en charge.
La surveillance de la mise en place et le
suivi du dispositif constitué par les CRTH sont confiés à la DRASS, en
particulier aux médecins inspecteurs régionaux et aux pharmaciens inspecteurs
régionaux. Ils devront tenir à jour la liste des Centres et informer le
Ministre chargé de la santé des éventuelles modifications qui pourront être
apportées à celle-ci.
I.1.2.
Caractéristiques et missions de ces centres
Les centres régionaux de traitement de
l'hémophilie doivent :
- avoir une
situation géographique adaptée
- être localisés à proximité d'un
laboratoire d'hémostase erformant capable en particulier d'assurer de façon
fiable les dosages de l'anticoagulant circulant
- participer à
des programmes de recherche
- constituer une unité administrativement
individualisée (lorsqu'ils constituent une structure d'un établissement public
de santé, leur organisation doit être conforme aux art. L.714-20 à L.714-25-2
du Code de la Santé Publique)
- présenter des
moyens de fonctionnement diversifiés : lits, places d'hôpital de jour,
consultations externes
- comporter une équipe médicale pluridisciplinaire
constituée notamment d'un ou plusieurs hématologistes, hémobiologistes,
pédiatres, orthopédistes, rhumatologues, psychologues, généticiens,
stomatologistes, masseurs-kinésithérapeutes.
Elément essentiel de la prise en charge
du malade hémophile, le CRTH, par les moyens dont il dispose en propre et/ou
par sa situation au centre d'un réseau constitué avec les services et
établissements susceptibles de prendre en charge ces malades, a une mission de
coordination et d'information auprès de l'ensemble du système de santé,
notamment en assurant les prestations suivantes :
I.1.2.1. Prise en charge thérapeutique :
a) Diagnostic du trouble de la
coagulation
b) Surveillance biologique, notamment
dépistage d'anticoagulants circulants
c) Mise au point des protocoles de
traitement et responsabilité directe du suivi thérapeutique des hémophiles
d) Collaboration,
dans le respect des nouvelles modalités de distribution des produits sanguins
stables, avec :
- les ETS
autorisés à dispenser des médicaments dérivés du sang aux patients qu'ils
traitent
- les ETS autorisés
en tant qu'établissements pharmaceutiques
- la pharmacie à usage intérieur de
l'établissement de santé auquel il est rattaché
- les établissements pharmaceutiques,
assurant 24h/24 la gestion et la distribution des facteurs antihémophiliques
e) Accueil et réponse aux urgences 24h/24
f) Prise en charge continue des enfants
et des adultes
g) Surveillance et traitement de la séropositivité VIH en
relation avec des centres d'information et de soins de l'immunodéficience
humaine
h) Coordination pluridisciplinaire de la prise en charge
avec les services spécialisés : chirurgie, obstétrique, rééducation
fonctionnelle, hématologie, maladie infectieuse (VIH…)
I.1.2.2. Information des autres structures de soins :
Les CRTH doivent assurer dans leur zone la diffusion de
l'information auprès de l'ensemble des médecins libéraux et des établissements
de santé susceptibles d'avoir à accueillir des patients hémophiles.
Cette information concerne :
a) les soins spécifiques et traitements que requièrent les
hémophiles selon la nature de leur affection (hémophilie A ou B, forme sévère
ou non), elle doit être différenciée en fonction des possibilités de prise en
charge des différents acteurs de santé et passe par :
- l'élaboration, l'évaluation et l'actualisation de protocoles
nationaux de traitement. Cette phase dont les modalités d'organisation restent
à définir en accord avec les parties concernées devra en outre s'opérer sous
l'égide de l'agence du médicament (les produits en cause ont la qualité de
médicaments dérivés du sang – art. L.666-8 CSP). Il convient de rappeler sur ce
point qu'à l'occasion de l'apparition sur le marché de nouveaux produits de
substitution obtenus par génie génétique, le ministère chargé de la santé a
décidé en juillet 1993 de mettre en place un "suivi thérapeutique national
des hémophiles" et a confié cette tâche à l'agence du médicament (ADM)
- la diffusion par les CRTH des protocoles validés auprès
des différentes structures de soins. L'accent portera particulièrement sur la
diffusion auprès des services d'urgence (SAMU, et services accueillant les
malades en urgence), de réanimation, de chirurgie, de médecine infectieuse, de
rééducation fonctionnelle, d'hématologie, d'obstétrique, des recommandations
consensuelles dans ce domaine, élaborées par l'Agence Nationale pour le
Développement de l'Evaluation Médicale (ANDEM) en 1996, afin de faciliter la
prise en charge de ces malades en situation d'urgence (cf annexe IV)
b) les CRTH eux-mêmes, leurs adresses et numéro de
téléphone, leurs missions, les prestations assurées par chacun d'eux, et enfin
la liste de ceux des centres qui peuvent être joints téléphoniquement 24h/24 en
vue :
- de fournir des conseils et informations thérapeutiques,
- ou indiquer le service de proximité le plus compétent lorsque
les soins requis par un hémophile dépassent les possibilités de prise en charge
de la structure dans laquelle il a été admis.
I.1.2.3.
Enseignement, information, conseil des hémophiles et des familles :
a) Education sanitaire des malades et de leurs familles
b) Enseignement et suivi de l'auto-traitement à domicile
c) Conseil génétique et dépistage prénatal en relation avec
les consultations de conseil génétique et les laboratoires de biologie
moléculaire
d) Information sur la maladie et les risques de
contamination virale :
les hémophiles doivent être informés sur le virus de
l'immunodéficience humaine, ses modes de contamination, son dépistage et al
conduite à tenir en cas de séropositivité. Il convient de rester vigilant, notamment
en s'assurant au cours des voyages de l'inactivation des produits utilisés.
Plus largement les malades atteints d'hémophilie ou d'autres troubles de la
coagulation doivent être informés des risques de contamination virale auxquels
ils sont exposés et des possibilités de traitement préventif lorsqu'elles
existent (la circulaire DGS/DH n° 42 du 28 mai
e) Information sur les mesures sociales :
un guide d'information a été édité pour présenter aux
hémophiles la législation sociale dont ils peuvent bénéficier et donner des
conseils pratiques dans différents domaines les concernant. Des exemplaires de
ce guide sont mis à la disposition des intéressés dans tous les centres de
traitement cités en annexe ainsi qu'au siège de l'Association Française des
Hémophiles (AFH). Par ailleurs, l'AFH, qui reçoit une aide du Ministère,
apporte aux familles d'hémophiles contaminés par le VIH, une information et des
conseils pratiques, par l'intervention d'assistantes sociales spécialisées dans
les problèmes des hémophiles. Pour soutenir l'éducation thérapeutique de
l'hémophile et permettre à un grand nombre de pratiquer l'auto-traitement à
domicile, un programme d'information a été mis en place en collaboration avec
l'INSERM, la Mutuelle générale de l'Education Nationale et la Mutualité
Française. Ce programme comprend des documents écrits et audiovisuels sur al
séropositivité VIH, l'auto-traitement et le conseil génétique.
I.1.2.4. Renforcement
du rôle de coordination des Centres Régionaux de Traitement de l'Hémophilie
Les CRTH doivent, dans leur zone
d'attraction constituer avec l'ensemble des services intervenant dans la prise
en charge des hémophiles un véritable réseau pluridisciplinaire et en assurer
la coordination . L'enquête sur les CRTH, conduite par la Direction générale de
la Santé en 1994 faisait ressortir dans un nombre élevé de cas, une
insuffisante disponibilité des médecins pour assurer ces fonctions de
coordination et d'animation de réseau. Il conviendrait que ces vacations de
médecins ou des postes infirmiers puissent être créés, afin de renforcer ces
fonctions de coordination parmi lesquelles celles relatives au suivi national
thérapeutique des hémophiles. Ce renforcement sera financé prioritairement sur
la dotation régionale. Globalement, un effort national fixé à 5 millions de
francs sera mis en œuvre en 1997 dans le cadre de la gestion des dotations
régionales. Un bilan national sera réalisé en fin d'année 1997 sur
l'affectation des crédits aux établissements hospitaliers dans le cadre du
renforcement des CRTH.
Il appartient aux directions régionales
des affaires sanitaires et sociales, inspection régionale de la santé, ou en
fonction de la date du transfert de compétence, aux directeurs des agences
régionales d'hospitalisation, de procéder au travers du questionnaire joint en
annexe à l'analyse de la nature et de l'importance de l'activité des centres
conformément aux dispositions de la présente circulaire. Sur la base des
engagements prsi par les établissements et les centres correspondants
concernant le développement de leur activité, notamment pour la constitution et
al coordination d'un réseau de soins aux hémophiles, les directions régionales
des affaires sanitaires et sociales ou les agences régionales
d'hospitalisation, feront parvenir à l'administration centrale (Direction
Générale de la Santé – bureau SQ2) et au plus tard le 31 mars les
questionnaires et leur avis sur les propositions de création de postes
d'infirmiers ou de vacations de médecins des centres. En fonction de ces avis
et de l'exploitation nationale des questionnaires, l'administration centrale
établira les priorités de renforcement à opérer, qui seront communiquées aux régions
au plus tard le 31 mai 1997. Un contrat d'objectif sera passé entre
l'établissement siège du CRTH et l'Agence Régionale d'Hospitalisation (ARH)
avant que les crédits régionaux correspondants ne soient inscrits dans la base
budgétaire du ou des établissements considérés. Le contrat d'objectif doit
garantir les moyens, notamment en personnel, affectés au CRTH, et préciser les
engagements de l'établissement en matière de traitement de l'hémophilie ainsi
que les objectifs visés au travers du renforcement de ses moyens. Ces contrats
constitueront un élément du contrat d'objectif et de moyens, prévu aux articles
L.710.1 et L.710.2 du code de la santé publique lorsque celui-ci sera conclu.
L'évaluation de l'action sera conduite sur la base du m^me questionnaire que
précédemment au terme d'une année pleine de fonctionnement et au plus tard le
31 décembre 1998.
Le maintien des crédits dans la base
budgétaire de l'établissement pourrait être remis en cause en cas de
non-respect des engagements pris dans le cadre du contrat d'objectif.
II STATUT DES CRTH
II.1 CRTH relevant
d'établissements publics de santé :
Sous réserve des dispositions de
l'article L.714-25-2 du Code de la santé publique, les CRTH doivent être
constitués en unités fonctionnelles au sein d'un service, d'un département, ou
d'une fédération particulièrement concernés par le traitement des hémophiles.
Par ailleurs, l'organisation, le fonctionnement et les missions de ces
structures font partie intégrante du projet médical et du projet d'établissement
du centre hospitalier, validé par les instances locales.
II.2. CRTH constitués
dans les établissements de transfusion sanguine (ETS)
La loi n° 93-5 du 4 janvier 1993 prévoit,
sous réserve des exceptions prévues par le 3° de l'article L.668-1 du CSP, que
les ETS peuvent revêtir la forme :
- d'associations à but non lucratif régies par la loi du 1er
juillet 1901
- de groupements d'intérêt public constitués entre des
établissements publics de santé ou des établissements publics de santé et
d'autres personnes morales de droit public ou privé
La convention type figurant en annexe II
du décret 94-365 du 10 mai 1994 relatif aux établissements agréés en qualité
d'ETS, prévoit, quelle que soit leur forme juridique, que ces établissements
peuvent exercer des activités de soin à titre accessoire. Il convient de
rappeler aux ETS qui assurent des soins à des hémophiles qu'ils doivent
solliciter à ce titre l'agrément prévu par l'annexe XXVIII du décret du 9 mars
1956 modifié par le décret n° 91-654 du 15.07.1991 (Centres de Santé). Ils
devront en outre passer une convention avec les organismes d'assurance-maladie
(éventuellement avec clause de tiers payent) pour assurer le financement de
cette activité spécifique de soins par le paiement des actes médicaux
effectués.
II.3. Pratique de
consultations externes par les Maisons d'enfants à caractère sanitaire (MECS)
Afin d'assurer la continuité de la prise en charge des
jeunes hémophiles devenus adultes, ces établissements peuvent solliciter au^rès
de l'Administration, en application des articles L.712-8 et suivants et des
articles R 712-37 et suivants du CSP, l'autorisation soit de convertir soit de
créer des lits ou places de rééducation fonctionnelle en vue d'une pratique
d'hospitalisation de jour dans cette discipline.
De même ces centres peuvent être
autorisés à transformer des lits d'hospitalisation de rééducation fonctionnelle
autorisés au titre de l'annexe XXII du décret du 9 mars 1956 modifié en places
d'hospitalisation de jour sous réserve du respect de l'application des
procédures en vigueur. Certains de ces centres ont déjà commencé à diversifier
leurs activités, notamment vers la rééducation fonctionnelle. Il convient de
les aider à poursuivre cette évolution. Ils souhaitent en outre développer une
activité de consultations externes avec pratique d'examens complémentaires vis
à vis des hémophiles déjà hospitalisés dans ces centres ou plus généralement
des hémophiles habitant la région. Un tel agrément au titre de l'annexe XXVIII
du décret du 9 mars 1956 modifié devrait être accordé à ceux qui en font la
demande.
D'une manière générale, il convient que
les ETS, les MECS et les services hospitaliers concernés, passent des
conventions concernant les échanges de prestations inter-établissements.
III LES FACTEURS
ANTIHEMOPHILIQUES : SECURITE et DISTRIBUTION
La loi n° 93-5 du 4 janvier 1993 relative
à la sécurité en matière de transfusion sanguine et de médicament, modifiée par
la loi n° 94-43 du 18.01.1994 modifie le statut juridique du sang, de ses
composants et de leurs dérivés, ainsi que les modes de distribution des
produits sanguins. L'article L.670-1 du CSP prévoit que "les produits
stables préparés à partir du sang et de ses composants constituent des
médicaments dérivés du sang…"
III.1. Sécurité des facteurs
antihémophiliques
L'art. L.666-4 du CSP rend oligatoire,
avant distribution et utilisation du sang, de ces composants et de leurs
dérivés, des analyses biologiques et des tests de dépistage de maladies
transmissibles.
Le décret n° 95-566 du 6 mai 1995 relatif
à la pharmacovigilance exetcée sur les médicaments dérivés du sang humain
impose le suivi de ces médicaments dit "traçabilité", effectué depuis
leur fabrication jusqu'à leur administration au patient. Il fait également
obligation de signalement des effets indésirables à toute personne habilitée à
prescrire, administrer ou dispenser les médicaments dérivés du sang.
III.2. Distribution
et dispensation des facteurs antihémophiliques
L'article 11 modifié de la loi n° 93-5 du
4.01.1993, prévoit qu'à compter du 1er janvier 1995, quel que soit
leur régime d'autorisation, qu'ils soient fabriqués en France ou importés, la
totalité des médicaments dérivés du sang relèvent des règles de la distribution
pharmaceutique.
Sous réserve d'obtenir
l'autorisation d'ouverture comme établissement pharmaceutique dans les
conditions fixées par l'article L.598 du CSP, les ETS peuvent distribuer en
gros ces médicaments (art. L.668-1 et L.670-3). Quel que soit le statut de
prescription fixé en application des articles R.5143-5-1 et suivants, par leurs
autorisations de mise sur le marché en cours de réexamen, les facteurs
antihémophiliques restent dispensés exclusivement par les pharmacies à usage
intérieur des établissement de santé ou par les ETS dans lesquels les soins sont
administrés, en rétrocession pour les patients ambulatoires. Cette dispensation
est exclusive de tout envoi des médicaments par la Poste.
La circulaire DGS/DH n° 82 du 4 novembre
1994 et la circulaire DGS/DH n° 46 du 12.12.1994 précisent qu'il est envisageable
qu'une collaboration entre établissements de santé et ETS soit mise en place.
Le fonctionnement des centres régionaux
de traitement de l'hémophilie doit tenir compte de ces nouvelles procédures. En
outre, qu'ils soient au sein d'un établissement de santé ou rattachés à un ETS,
ils doivent participer à la pharmacovigilance conformément aux dispositions du
décret n°95-566 du 6 mai 1995, prévoyant notamment la désignation d'un
correspondant pharmacovigilance, responsable de la dispensation et du suivi de
ces médicaments, ainsi que de l'enregistrement et de la conservation des
informations relatives à ces derniers.
IV ASPECTS
BUDGETAIRES ET PRISE EN CHARGE DES MEDICAMENTS
IV.1. Suivi
budgétaire
L'amélioration de la prise en charge
budgétaire du traitement de l'hémophilie repose sur un suivi individualisé des
dépenses et recettes hospitalières et extra-hospitalières correspondantes.
IV.2. La couverture
de l'assurance maladie des facteurs antihémophiliques
La prise en charge du financement des
facteurs antihémophiliques varie selon la nature juridique de l'établissement
dispensateur et selon les modalités de dispensation du médicament.
IV.2.1.
Etablissements de santé publics et privés financés par la dotation
globale
En préalable, il est apparu, en ce qui
concerne l'approvisionnement des établissements de santé publics ou privés en
spécialités pharmaceutiques antihémophiliques, que le système d'appels
d'offres, tel qu'il est pratiqué en milieu hospitalier était inadapté. Les
différentes spécialités pharmaceutiques antihémophiliques, (facteurs de
coagulation recombinants ou dérivés du sang) ne sont pas équivalentes pour le
traitement des malades, sauf s'il s'agit de couples de produits issus d'une
même fabrication, comme c'est le cas respectivement pour le couple BioclateR/RecombinateR
d'une part, substituables l'un par l'autre, et le couple HelixateR/
KogenateRR, d'autre part, substituables l'un par l'autre. Elles sont
utilisées à vie et prescrites en évitant l'alternance, sauf si la prescription
médicale le précise, de façon à éviter notamment le risque majeur représenté
par le développement d'anticorps inhibiteurs anti-facteur VIII ou IX. De ce
fait, il est impératif que les prescriptions des médecins qui prennent en
charge les hémophiles soient strictement respectées. Les pharmacies
hospitalières doivent donc être en mesure de répondre sans substitution aux
ordonnances qui leur sont présentées. Il ne pourrait être dérogé à cette règle,
qu'en cas de justification d'une situation d'urgence hémorragique où la
priorité est la perfusion permettant l'arrêt de l'hémorragie.
IV.2.1-a
Hospitalisation
Le financement des facteurs
antihémophiliques doit être prévu au budget des établissements concernés, dans
le cadre de la répartition de la dotation sanitaire régionale.
Ces dépenses sont
couvertes, dans les conditions de droit commun, par la dotation globale et les
tarifs. En aucun cas, les difficultés financières ne doivent constituer un
obstacle à la prise en charge des patients hémophiles, notamment quant à la
disponibilité des produits antihémophiliques. Dans l'hypothèse où un
établissement de santé devrait faire face à un besoin exceptionnel de facteurs
antihémophiliques, des crédits devraient pouvoir être également mobilisés sur
la dotation régionale pour faire face à des dépenses ponctuelles sur la base
d'un examen approfondi du budget de l'établissement (comptabilité des dépenses
engagées, activité globale sur la base du PMSI).
IV.2.1-b
Consultations externes – Patients ambulatoires
Les facteurs antihémophiliques, délivrés
par la pharmacie à usage intérieur, à des malades au cours de consultations
externes, sont, bien qu'ayant désormais un statut pharmaceutique, exclus de la
dotation globale par dérogation aux dispositions de la circulaire n°85.H.1089
du 18 décembre 1985 relative à la mise en place de la dotation globale dans les
établissements hospitaliers. Ils sont rétrocédés, dans les conditions de droit
commun, aux patients et consultants qui, en l'absence de convention tiers-payant,
se font rembourser directement par leur caisse d'affiliation.
Les recettes provenant de cette activité
sont comptabilisées, en ce qui concerne les établissements publics de santé,
sur le groupe 3 "recettes des activités subsidiaires" et permettent
de couvrir des dépenses supplémentaires. Ceci favorise l'ajustement des
dépenses aux besoins spécifiques de chaque établissement concerné.
IV.2.2 Centres de
santé – Etablissements de transfusion sanguine
Lorsque les facteurs antihémophiliques
sont délivrés par ces établissements, ils sont facturés aux patients ou
consultants et remboursés dans les conditions de droit commun par les caisses
d'assurance-maladie.
---------------------
Ainsi, l'organisation des soins prévue
par la présente circulaire doit permettre une prise en charge globale et
coordonnée des hémophiles dans des structures dotées de moyens nécessaires pour
garantir la qualité des soins.
Afin d'assurer la mise en place de ce
dispositif dans les meilleures conditions, je vous serais obligé de bien vouloir
organiser une réunion d'information pour présenter cette circulaire aux
médecins assurant les fonctions de coordination des centres régionaux de
traitement de l'hémophilie et aux praticiens les plus concernés par la prise en
charge des hémophiles.
Je vous serais reconnaissant de me tenir
informé d'ici la fin de l'année des réalisations effectuées dans votre région
ainsi que des problèmes rencontrés.
Le Directeur Général de la Santé Le Directeur des Hôpitaux Le Directeur de la Sécurité
Sociale
Professeur J.F. GIRARD Claire
BAZY-MALAURIE